Homélie de la Pentecôte

+ Ces derniers jours, il a été rendu public que notre diocèse faisait l'objet, depuis quelque temps, d'une "visite fraternelle" de la part de son archevêque métropolitain, et qu'à la suite de cette visite, des restrictions ont été imposées à notre évêque par le Saint-Siège - il est fort possible (et même probable) que d'autres restrictions soient à venir. Mgr Rey a publié une déclaration à ce sujet que je vous invite à lire.
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La fête de la Pentecôte 2022 dans le diocèse de Fréjus-Toulon est teintée d'une inquiétude, voire d'une grave crainte, pour l'avenir : tant de bonnes initiatives lancées par notre évêque vraiment catholique depuis plus de deux décennies semblent être en danger. De nombreuses vocations qu'il a suscitées et encouragées pourraient être endommagées ou perdues.

Ces dernières semaines, contrairement à nos souhaits, notre diocèse a imprudemment fait savoir qu'en avril, notre communauté monastique a accepté les ordinations dont elle avait besoin depuis longtemps, des mains d'un prélat supérieur qui voyait clairement que sans elles, nous courions nous-mêmes un grave danger. La publicité générée par l'indiscrétion de notre diocèse a titillé les trolls - toutes les malversations et les ignobles motivations possibles sont les nôtres, semble-t-il !

Pour ceux qui se soucient d'étudier la question, il devrait maintenant être clair que notre décision consciencieuse, notre jugement réfléchi de la raison pratique dans les circonstances dans lesquelles nous nous trouvions (souligné par notre communiqué du 13 mai) était basée sur une prudence qui était et est réelle. Le Saint-Siège était en train d'agir contre notre évêque (depuis plus de deux ans maintenant) et il était en effet hautement probable que sans les ordinations que nous avons demandées à plusieurs reprises, et qui ont été recommandées à plusieurs reprises à l'évêque par des Visiteurs invités par lui, nous nous retrouverions bientôt ici, dans une belle église médiévale, sans le Saint Sacrifice de la Messe ou l'accès aux autres sacrements, malgré sa bonne volonté et ses encouragements depuis plus de dix ans.

Pour certains, en particulier dans notre diocèse, nos actes semblaient être une trahison - comment pouvait-on se comporter ainsi à l'égard de Mgr Rey, de tous les évêques ? Or, malheureusement, il est clair qu'à notre époque, même le meilleur des évêques peut être (et dans ce cas, a été) paralysé par la peur.

Pour d'autres, nos actions ont été décriées comme étant celles de candidats inadaptés qui prennent des raccourcis ou évitent un examen minutieux : diverses attaques ad hominem ont suivi. Les paroles répétées de notre évêque, et même celles du porte-parole du diocèse, attestant de nos bons caractères, ont plus que réfuté ces trop prévisibles incursions narcissiques. Pour d'autres encore, on pense que nos actions ont provoqué l'intervention du Saint-Siège dans le diocèse. Si cela est flatteur d'une certaine manière, c'est manifestement faux : la suite de la visite "fraternelle" est envisagée depuis longtemps.

Soyons clairs : un père a le devoir de fournir ce qui est nécessaire à la survie de sa famille, en particulier lorsqu'il devient évident qu'un hiver rigoureux approche. Et lorsque ce qui est vraiment nécessaire à la survie de sa famille lui est refusé de manière répétée par ceux dont la responsabilité est de le fournir, il n'est pas mauvais d'accepter le don de ce qui est nécessaire de la part d'un autre, même si cela entraîne l'opprobre.

Nous sommes profondément reconnaissants aux centaines de personnes du monde entier qui nous ont contactés avec des messages aimables et qui ont très généreusement envoyé des moyens de soutien. Nous sommes également reconnaissants envers nos amis qui sont troublés par tout cela mais qui ont gardé un silence respectueux, sachant que nous n'agirions pas ainsi sans de très bonnes et sérieuses raisons. Maintenant que ces raisons sont plus claires pour tous, nous prions pour qu'ils comprennent.

Nous célébrons donc cette fête de la Pentecôte avec une grande paix, cette paix que le monde ne peut donner. Mais nous le faisons sans orgueil ni sentiment d'autosatisfaction. Au contraire, dans ces circonstances, nous le faisons avec une profonde humilité pour les dons qui nous ont été accordés et avec une résolution renouvelée de les employer pour le bien de l'Église et le salut des âmes. Si notre petit monastère doit devenir une oasis dans un désert, nous renouvelons notre engagement à faire tout ce que nous pouvons, avec l'aide de Dieu, pour accueillir et servir ceux qui cherchent ici refuge et rafraîchissement.

Mais nous célébrons aussi cette fête avec le cœur lourd. Notre évêque a été attaqué et notre diocèse est secoué. Notre première réponse doit être la prière - en implorant les dons de Dieu le Saint-Esprit en abondance, en particulier les dons de sagesse et de courage en ces temps, en suppliant le Dieu tout-puissant avec la collecte de cette messe pour le don du jugement juste. Jeudi, j'ai assuré l'évêque de nos prières et j'ai reçu en retour une réponse reconnaissante. Veuillez prier pour lui en particulier. Veuillez prier pour les séminaristes et les communautés du diocèse dont l'avenir est désormais incertain.

Veuillez prier la belle séquence de cette messe - comme le fait la Sainte Liturgie - à plusieurs reprises cette semaine, en implorant l'effusion des dons et des fruits de l'Esprit Saint dans les cœurs, les esprits et les âmes de toutes les personnes concernées.

Veni Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium : et tui amoris in eis ignem accende !
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(Viens, Saint-Esprit, remplis le cœur de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour). +

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