+ De mémoire d'homme vivant, jamais il n'y a eu de Semaine Sainte comme celle de 2020. Nos églises sont fermées et vides et quand les cérémonies du Triduum pascal ont pu être exécutées, elles le furent – pour utiliser un mot presque pervers eut égards aux plus grands rites liturgiques de l'année - « privément ». Nos fidèles n'ont eu que peu (ou pas du tout) accès aux sacrements et ont été réduits à l'état de téléspectateurs (même s'ils le furent, on l'espère, pieusement et non passivement). Grâce à Dieu, nous avons pu chanter l'office, mais dans notre salle capitulaire, « privément », là encore – en continuant cependant notre prière et notre supplication pour que Dieu tout-puissant daigne prévenir Sa colère et accorder la foi et la persévérance finale à ceux qui doivent souffrir et à ceux qui vont mourir dans cette affliction terrible. Ce n'est rien d'autre qu'un privilège et une bénédiction, dans un monde où beaucoup meurent chaque jour, privés de la grâce des sacrements, même lorsque de bons pasteurs, qui ne désirent rien d'autre que s'occuper de leurs brebis mourantes en sont perversement empêchées par les autorités civiles et ecclésiastiques. Que nos prières aillent là où les pasteurs de l'Eglise ne peuvent aller aujourd'hui ! L'agonie et l'angoisse du Vendredi Saint ne sont pas de « simples » métaphores, cette année. Le vide et la désolation du sépulcre fermé du Samedi Saint sont des réalités qui n'est que trop présente parmi nous. Comme S.E.R. le cardinal Sarah l'écrivit dans un entretien publié cette semaine : « Cette épidémie a dissipé la fumée de l'illusion. L'homme soi-disant tout-puissant apparaît dans sa réalité crue. Le voilà nu. Sa faiblesse et sa vulnérabilité sont criantes ». « Le fait d'être confinés dans nos maisons nous permettra, je l'espère, de nous tourner à nouveau vers les choses essentielles, continuait le cardinal Sarah, de redécouvrir l'importance de nos rapports avec Dieu, et donc la centralité de la prière dans l'existence humaine. Et dans la conscience de notre fragilité, de nous confier à Dieu et à sa miséricorde paternelle ». Si la présente souffrance sert à ces fins, Dieu tout-puissant aura tiré quelque bien du mal de la souffrance que nous endurons en ce moment. Alors donc, comment osons-nous chanter « l'Alléuia » pascal dans ces circonstances, en un Jour de Pâques où tant de personnes sont privées de la réception de la Sainte Communion ? Au lieu de nous diriger vers le jardin après Prime, de le déterrer et de revenir avec jusqu'à l'autel en procession, avec chant et encens, ne devrions-nous pas plutôt laisser « l'Alléluia » en terre, là où nous l'avons laissé après les premières Vêpres de la Septuagésime ? De quel droit pourrait-il être bercé et vénéré, ou même vu et entendu en ce jour de Pâques 2020 ? Son retour n'est-il pas une simple affaire de coutume ou de rubrique inappropriée ? En vérité, de toutes les années, le dimanche de Pâques 2020 est une année où le retour de l'Alléluia pascal n'est certainement pas une simple observance rituelle. Il s'agit d'une intonation solennelle sur un ton ascendant qui « prend feu », pour ainsi dire, et laisse place, très vite, à une grande explosion de chant, qui pendant cinquante jour ne connaitra pas de repos, et qui est plus encore, la seule chose dont nous avons besoin en ce dimanche de Pâques 2020. « Alléluia » est le seul mot que nous puissions dire en notre épreuve actuelle qui ait quelque sens. Lui seul en effet peut amener jusqu'à nous l'espérance dont nous avons si désespérément besoin : l'Espérance même. Car « Alléluia ! » amène le contenu de cette « étrange fin » au « duel entre la vie et la mort » que chante la Séquence du Jour de Pâques, c'est-à-dire du fait que l'Auteur de la vie Lui-même souffrit et mourut, et pourtant, vit et règne à jamais. « Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? » demandera saint Paul, avant de répondre que la mort n'a plus d'aiguillon « grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Cor 15, 55-57). Étant confinés, voyant la souffrance et la mort de tant d'autres et nous demandant si nous-mêmes et ceux qui nous sont chers souffriront et mourront pareillement, même (à Dieu ne plaise!) sans les sacrements, il nous est difficile d'avoir des motifs de chanter. Cependant, la vérité chantée par l'« Alléluia » n'est pas limitée par les présentes circonstances. Elle les illumine plutôt, afin que nous puissions voir. Oui, nos circonstances présentes peuvent être sombres. Nous aurons peut-être à passer du temps à l'ombre de la croix. Mais l'« Alléluia » pascal annonce l'aube de la lumière, de celui qui est la Lumière-même, qui a vaincu les ténèbres et la nuit pour jamais. En déterrant ce chant, en chantant « Alléluia ! » avec tout notre esprit et tout notre cœur, et aussi, certes, notre voix et nos lèvres, la fête de Pâques de cette année 2020 déjà troublée nous permet de prendre part à cette victoire, même si nous sommes (et seront encore) profondément plongés dans les ombres de la souffrance. Si nous persévérons dans la foi et l'espérance chantées par l'« Alléluia », nous émergerons dans la glorieuse lumière sans fin du matin de Pâques, dont ce jour est un avant-goût donné par Dieu. + | + Holy Week 2020 has been like no other in living memory. Our churches are locked or empty, and if the ceremonies of the Sacred Triduum have been celebrated, this has been done – to use a word that is almost perverse in respect of the greatest liturgical rites of the year – “privately”. Our people have had scant, if any, access to the sacraments, and have been reduced to online spectators—albeit, hopefully, devout and not mere passive ones. We are able to sing the Office thanks be to God, but in our Chapter Room, “privately” also — nonetheless continuing our prayer and supplication that Almighty God may forestall His wrath and grant faith and final perseverance to those who suffer and who die due to this terrible affliction. This is nothing other than a privilege and a blessing in a world where many die each day without the grace of the sacraments, even when good shepherds who wish nothing more to tend their dying sheep are perversely prevented from so doing by authorities civil and ecclesiastical. May our prayers reach where the Church’s pastors today cannot go! The agony and anguish of Good Friday are no ‘mere’ metaphors this year. The emptiness and desolation of the closed tomb of Holy Saturday is an all to present reality in our midst. As His Eminence, Cardinal Sarah, wrote in an interview published this week, “This epidemic has dispelled the smoke of illusion. The so-called all-powerful man appears in his raw reality. There he is naked. His weakness and vulnerability are glaring.” “Being confined to our homes will hopefully allow us to turn our attention back to the essentials,” Cardinal Sarah continued, “to rediscover the importance of our relationship with God, and thus the centrality of prayer in human existence. And, in the awareness of our fragility, to entrust ourselves to God and to his paternal mercy.” If the present crisis serves these ends, Almighty God will have brought some good out of the evil of suffering we currently endure. Even so, how can we dare to sing the Paschal “Alleluia!” in these circumstances, on an Easter day where the very reception of Holy Communion is denied to so many? Rather than head out to the garden after Prime and dig it up and return it to the altar with procession, song and incense, this year should we not leave the “Alleluia!” buried in the earth where we entombed it after first Vespers of Septuagesima? What right does it have to be seen or heard, let alone serenaded or venerated, on Easter day 2020? Is its return not simply a matter of ill-fitting custom or rubrics? In truth, of all years, Easter Sunday 2020 is one year on which the paschal Alleluia’s return is most definitely not a matter of mere ritual observance. It’s solemn intonation in an ascending pitch which ‘catches fire’ as it were and rapidly spreads into a great burst of song that will not be quenched for fifty days and more is the one thing necessary on Easter Sunday 2020. “Alleluia!” is the one word that can speak with meaning in our current plight. It alone can convey to us the hope we so desperately need: Hope Himself. For “Alleluia!” conveys the content of that “strange ending” to the “duel between life and death” of which the Sequence of Easter Day sings, of the fact that the Author of Life Himself suffered and died, and yet lives to reign forever. “O death, where is thy victory? O death, where is thy sting?” Saint Paul will ask, answering that death has no sting any longer “thanks be to God, who gives us the victory through our Lord Jesus Christ” (1 Cor. 15:55-57). Being in lockdown, witnessing the suffering and death of so many, and wondering or worrying whether we ourselves or our loved ones shall suffer and die similarly, even – may God forbid! – without the sacraments, there may not seem to be that much to sing about. However, the truth of which “Alleluia!” sings is not confined by our circumstances. Rather, it shines light upon them so that we may see. Yes, our present circumstances may well be dark. We may yet have more time to spend in the shadow of the cross. But the paschal “Alleluia!” heralds the dawn of the light which — the dawn of Light Himself who — has conquered darkness and night forever. Our taking up of that chant, our singing of “Alleluia!” with our mind and heart, and yes also with our voices and lips, this Easter of the already troubled year 2020 enables us to partake in that victory, no matter how deeply we are (yet to be) plunged into the shadows of human suffering. If we persevere in the faith and in the hope of which “Alleluia!” sings, we shall emerge into the glorious unending light of Easter morn—of which this day is a God-given foretaste. + |
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